Episodio 3.3 – Chile, San Pedro de Atacama

Après avoir dit au revoir à la belle et grande Argentine, notre premier pays visité, « vamos » pour de nouvelles aventures, plutôt « désertiques », au Chili direction : San Pedro de Atacama.

« Parler du désert, ne serait-ce pas, d’abord, se taire, comme lui, et lui rendre hommage non de nos vains bavardages mais de notre silence ? » – T. Monod

Ce fût long, très long d’attendre notre bus depuis Salta pour rejoindre le Chili ! Départ à 1h30 du matin pour environ 12h de trajet avec un passage à nouveau par la magnifique Salinas Grandes, un passage de frontière (Youpi, le Chili !) et pour finir un col à plus de 5000 mètres d’altitude à franchir avant de redescendre et d’arriver à San Pedro de Atacama. Au programme, 3 jours à San Pedro, nos derniers jours au Chili dans un décor désertique, avant de rejoindre la Bolivie et la région du Sud Lípez direction Uyuni et son Salar.


Les premières surprises ont été les paysages traversés sur la route depuis la frontière : difficile de rester indifférent à ces étendues désertiques ponctuées de lacs d’altitude. Nous sommes arrivés en début d’après-midi dans le petit village oasis de San Pedro de Atacama, situé en plein cœur du Salar d’Atacama à env. 2500m d’altitude sur le haut plateau de la Puna de Atacama. Et nous sommes tout de suite conquis par la beauté du Volcan Licancabur (5971m d’altitude) qui domine San Pedro et que l’on peut observer depuis pratiquement n’importe quelle rue. On aperçoit également le Volcan de Sairecabur (5 971 m d’altitude). Ces deux volcans sont situés à une trentaine de kilomètres à l’est du village.

Mais outre la région magnifique dans laquelle il se situe, San Pedro de Atacama village de seulement 5000 habitants est aussi réputé pour être très touristique. Il est le point de départ de nombreuses expéditions que proposent un nombre incroyable d’agences touristique. Ainsi ce petit village du nord du Chili qui vivait autrefois de l’agriculture et de quelques échanges commerciaux, vit aujourd’hui essentiellement du tourisme. Et même si nous lui avons trouvé un côté plutôt charmant avec ses petites rues de terre et ses maisons en adobe aux toits de paille, le phénomène touristique qui a envahi San Pedro nous laisse un premier sentiment perplexe …

  • Les excursions depuis San Pedro

Après avoir fouiné de nombreuses heures sur le net, nous partons faire le tour des agences. Et que ce fût compliqué … Tous proposent les mêmes expéditions, les mêmes prix, aux mêmes heures, etc. D’ailleurs, les prix nous laissent un sacré gout amer, comme pour les auberges au passage. Nous décidons donc d’écourter notre séjour ici (2 au lieu de 3 jours), et de louer des vélos la première journée pour éviter les circuits touristiques et être autonome, et de profiter du second jour pour rassembler deux excursions dans la même journée. Nous faisons confiance à l’agence « Los Flamingos » avec qui nous réservons également notre séjour pour le Sud Lípez et le Salar d’Uyuni en Bolivie, départ depuis San Pedro (pratique pour nous).

  • Valle de la Luna et la Valle de la Muerte.

C’est donc au petit matin que nous sommes partis en VTT à la découverte de la Vallée de Luna et Vallée de la mort. Bien équipés pour affronter un décor aride : eau, manches longues, crème solaire, chapeaux, etc., nous nous retrouvons vite au milieu de … rien ! Une sensation plutôt étrange de pédaler au cœur d’un décor désertique et lunaire sur une route qui semble mener droit au volcan enneigé. Situé à 13 km de San Pedro, la Vallée de la Lune est déclarée en 1982 sanctuaire naturel et fait partie de la réserve nationale de Los Flamengos. Pratiquement seuls à chaque mirador, nous profitons du silence (incroyable !), des étendues de sables, des paysages à perte de vue … Le sol est formé de canyons, de crêtes pointues, de ravins et des monticules de couleurs gris et ocre qui lui donnent une apparence qui ressemble parait-il à la lune (oui, parce-qu’on n’y a jamais mis les pieds !). Et nous profitons tellement de ces décors que nous nous retrouvons en retard pour rendre nos VTT, ce qui nous empêchera finalement de faire un tour dans la Vallée de la Mort ! Mais qu’importe, cette journée fût à la hauteur de nos attentes, et surtout nous avons évité la masse de touristes qui arrive grâce aux excursions en fin d’après-midi pour le coucher du soleil. Chouette parait-il à faire, mais se sentir seul au monde dans un tel décor n’est-il pas 15 fois mieux ? Une chose est sûre, nous rentrons à San Pedro conquis, et certains d’avoir réalisé l’une de nos plus belles balades à vélo de notre petite vie.

  • Les Geysers del Tatio

C’est de bonne heure que nous partons avec le mini-bus de l’agence pour nous rendre avant le levé du soleil sur le site naturel des Geysers dell Tatio situés à 4280m d’altitude et à 90 km de San Pedro. Pour être honnêtes, nous sommes partagés quant à cette expérience… En effet le site est magnifique c’est incroyable de voir une fois de plus ce que la nature peut faire ! Les geysers sont formés grâce à l’activité volcanique des volcans environnants qui réchauffent les courants d’eau sous-terrains. Ensuite grâce à l’activité sismique très présente dans cette région, de micro-failles s’ouvrent très fréquemment et l’eau bouillonnante (à seulement 80° à cette altitude) sort alors avec plus ou moins de pression. Le contraste au petit matin entre la température de l’eau et de l’air (les températures étant en dessous de 0°) forme alors d’épaisses fumées, et c’est un superbe spectacle. Il est également possible de se baigner dans une piscine « naturelle », Justine a testé ce n’était pas désagréable cette eau chaude sous 2°C de température extérieure !

Tout ça, c’étaient les bons points… Malheureusement il y en a aussi beaucoup de mauvais ! Pour commencer le nombre de touristes au mètre carré, ça gâche un peu le plaisir. Ensuite le prix de la visite guidée pour faire le truc au pas de course, en mode « là, prenez une photo, là avancez, là écoutez moi… » pas franchement agréable. Et pour finir, le plus gros des points négatifs est pour nous la révélation par le guide durant la visite que le site est menacé de destruction à cause du tourisme. En effet le poids des touristes affluents par centaines chaque jour, ajouté au poids des véhicules qui les transportent, le tout sur un sol si friable amène indéniablement à la conclusion, selon les géologues, qu’un jour sans prévenir tout le sol s’effondrera d’un coup et ce sera une catastrophe sans précédent… Si on avait su cela plus tôt, nous n’aurions pas participé à tout ça !

  • La Laguna Cejar, los Ojos del Salar et Laguna El Origen

Après s’être reposés une partie de l’après-midi nous voilà repartis à 16h avec la même agence direction la Laguna Cejar pour commencer. Trois lacs sont côte à côte au milieu du désert, avec toujours les volcans en fond, c’est magnifique. Leur taux de sel y est tellement important qu’en s’y baignant on y flotte comme des bouchons ! Nous avons tenté dans l’un des trois, le seul dans lequel c’est autorisé et une fois de plus on apprend après coup que « c’est parce-que ça les abîme alors on en sacrifie un pour ne pas trop impacter les autres. Avant il y avait des flamants roses ici mais depuis l’arrivée des touristes ils sont partis » … Génial ! En plus ici on se croirait au club med : on paye cher à notre goût l’entrée de « la piscine », tout le monde crie, veut son selfie, on est « 50 » dans le lac à la même heure car toutes les agences proposent le même tour à la même heure… Bref, c’est bien triste de gâcher une nature si belle !

Ensuite deuxième arrêt aux « Ojos del Salar » deux trous d’eau profonds de 8 mètres complètement symétriques et toujours en plein milieu du désert. C’est assez curieux ! Ce serait dû à des courants d’eau sous-terrains circulants et remontant en surface sous un terrain friable. Le phénomène peut durer plusieurs centaines d’années et un jour en quelques minutes ou heures le sol s’effondre de manière cylindrique. Malheureusement là encore en présence des mêmes touristes, il nous était quasiment impossible de prendre seulement le paysage en photo tellement la queue était longue pour avoir son selfie… Sans parler des gens sautant à tour de rôle dans un des deux trous en criant… Encore une fois, bien dommage !

Dernier arrêt à la laguna El Origen. En cette saison la lagune est asséchée et ressemble à un petit salar pris entre le désert et les volcans, c’est magnifique ! Le site est cette fois assez grand pour ne pas avoir la sensation d’être noyé au milieu des touristes, et c’est agréable de s’y balader à l’heure où le soleil se couche. C’est donc quand même sur une note positive que nous terminerons cette journée. Maintenant il faut rentrer, demain on repart de bonne heure pour la région du Sud Lípez et le Salar d’Uyuni…

Pour conclure sur San Pedro de Atacama, de notre côté nous avons été plutôt déçus… Entre le prix des excursions, la foule de touristes et le non-respect de l’environnement nous repartons avec un goût amer en bouche. Cela ne signifie pas que ça ne vaut pas le coup d’y aller, il faut être honnête les paysages sont dingues, et encore, nous n’en avons vu qu’une petite partie. Finalement nous pensons que la bonne solution serait peut-être de louer une voiture pour se passer des agences et éviter les heures de pointes sur les sites naturels…


Pour finir, en bref et en humour, voici ce qu’on retiendra en quelques mots de San Pedro de Atacama et ses alentours (mais pas que !):

  • Passer la frontière à plus de 5000 mètres d’altitude n’est pas une partie de plaisir pour tout le monde et notamment pour Justine. Comme une impression de grosse « gueule de bois », mais sans la partie marrante de la veille. Altitude 1 – 0 Juju.
  • Oh… Quel plaisir de découvrir au fin fond de San Pedro une boulangerie Française ! Autant vous dire qu’on s’est lâché sur les croissants et différentes baguettes. Le bonheur ! #lekiff
  • Le come-back de Juju sur un Vélo ! Et bien vous n’allez pas nous croire, mais elle a aimé (peut-être pour la 1ère fois) faire du vélo dans le désert! Bon, avoir des bons vélos, en l’occurrence des VTT, ça change la donne …
  • Altitude VS Juju – Round  2 : Et cette fois ci, pour affronter l’altitude à 5000m, petite infu « Coca » ! Et bim, c’est surement « psychologique », mais pas de gueule de bois ce coup-ci … Altitude 1-1 Juju. #petitevictoire
  • On a eu le malheur de laisser traîner un peu de nourriture dans notre chambre dite matrimoniale. Vous devinez la suite … Grosse attaque de fourmis à gérer à 22h ! Un véritable enfer quand tu veux juste aller te coucher … 🙁 Et bye bye les croissants du petit dej’ ! #nooooooon 

Ju& Bas

4 commentaires Ajoutez le votre

    1. les Raine du voyage dit :

      Merci les Deux Évadés pour ce petit clin d’œil.

      Bonne route ! Ju & Bas

  1. Très intéressant votre article ! On aurait envie d’aller à San Pedro de Atacama, mais on entend depuis quelques temps ce que vous racontez ici et ça nous rebute vraiment. On essaie de garder notre éthique en voyage et la destruction des lieux naturels à cause du tourisme nous refroidit vraiment car malgré la beauté des lieux qu’on aimerait voir de nos propres yeux, on a moyennement envie de participer à tout ça sur des lieux si fragiles…
    Et pour le coca, c’est vraiment psychologique ? Ça fait tellement de temps que les peuples d’Amérique latine qui vivent en altitude l’utilisent, qu’il doit bien y avoir une vrai action ?! (Après ça dépend de votre point de vue sur la médecine naturelle ^^’).
    En tout cas merci beaucoup pour le partage sur Atacama, on préfère apprendre tout ça avant !! 👍🏼☺

    1. les Raine du voyage dit :

      Merci pour ton commentaire, n’ayez pas de regrets on a du mal de toute façon à profiter de la beauté des lieux quand il y a trop de monde et dans des conditions pareilles. Pour la coca, non je ne voulais absolument pas dire que ce n’était que psychologique mais je voulais juste souligner que je (Justine) en avais pris et que je m’étais sentie bien après…Du coup effet placebo sur moi, ou pas, peu importe l’important c’est que ça marche!;) Et au fond de moi je restes persuadée que ça fonctionne comme tu le dis,ça fait si longtemps que ça existe et j’ai vu des personnes en trek se sentir mal et après plusieurs matés de coca être bien mieux. Ju

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