Après la terre de feu, nous ne pouvions qu’entamer la « remontée », direction : Le Sud de la Patagonie !

« En route, le mieux c’est de se perdre. Lorsqu’on s’égare, les projets font place aux surprises et c’est alors, mais alors seulement, que le voyage commence. » – N. Bouvier

La Patagonie pour faire court c’est un territoire désertique qui compte moins d’un habitant au mètre carré. Cette région est délimitée au nord par le Rio Colorado et au sud par le cap Horn, l’Argentine et le Chili se divisent donc ce territoire. Avant le XIXe siècle et l’arrivée des Britanniques c’était la terre des Indiens (source : Le routard 2017).

---

• Quitter Ushuaïa

Nous quittons donc Ushuaïa le dimanche 14 janvier, c’est parti pour 12h de trajet direction Punto Arena, au Chili. Au programme : bus, passage de frontière et traversée de détroit de Magellan en bateau. Et à ce sujet pour entrer au Chili, c’est loooooong … La douane chilienne ne plaisante pas : tous les bagages sont sortis de la soute pour les scanner, ils fouillent aussi le bus et parfois il y a même des chiens pour détecter s’il y aurait de la drogue …

Bref, nous arrivons à Punta Arena où nous passerons la nuit, une étape obligatoire avant de poursuivre dès le lendemain notre route vers Puerto Natales puisqu’aucun bus ne fait la liaison directe entre Ushuaïa et Puerto Natales. C’est donc après 5h de bus supplémentaires que nous sommes arrivés le lundi en fin d’après-midi dans cette ville qui est la porte d’entrée pour le fameux « Parque Nacional Torres del Paine ».

• Puerto Natales et le parque Nacional Torres del Paine

Puerto Natales ça n’a rien d’extraordinaire mais ça reste une ville qu’on a trouvé plutôt sympa. Située en bord de mer elle est remplie de touristes ce qui pourrait en faire fuir plus d’un, mais nous, on a aimé l’ambiance qui y règne ! Effectivement au pied du parc il y a beaucoup de gens qui souhaitent faire le mythique « circuito W » ou le « Circuito O » : deux treks de respectivement 4/5jours et 8/10 jours. Alors dans la ville se mélangent les voyageurs du monde entier : ceux qui se préparent, ceux qui reviennent, ceux qui ont réussi, ceux qui ont échoué… C’est encore nouveau pour nous tout ça !

Malheureusement victime de son succès nous avons appris quelques semaines plus tôt que sans réservation dans les différents refuges du parc il nous serait impossible de réaliser le Circuito W. Et il aurait fallu le faire il y a au moins 4 mois ! Ce fut une déception pour nous, mais on ne peut rien regretter car dans un voyage comme le nôtre c’est trop difficile de prévoir autant à l’avance ! Pour se « consoler » nous avons fait une randonnée à la journée pour monter jusqu’au « Mirrador de las Torres », ce sentier constitue la branche droite du « W » (on pourra au moins dire qu’on y a mis les pieds !). L’ascension n’est pas des plus faciles, avec environ 800 mètres de dénivelé et des passages qui grimpent vraiment bien, surtout les 45 dernières minutes ! D’autant qu’ici il y a un dicton qui dit qu’il peut y avoir les 4 saisons dans une même journée, alors nous sommes partis assez chargés entre l’eau et les différentes tenues « au cas où ». C’est Bastien qui a porté le sac pendant quasiment toute la journée et on peut vous dire qu’il était plutôt content d’arriver au sommet 😉.

 

Et quelle surprise ! Entre le début de la journée et le moment ou nous sommes arrivés le ciel s’est complètement dégagé et nous découvrons non sans une certaine émotion (mêlant fatigue, surprise et joie) une force de la nature qui s’impose à nous ! Trois immenses tours, les fameuse « Torres » qui sont des énormes blocs verticaux, parsemés de neiges et se jetant dans un lac d’un bleu magnifique, difficile à décrire… Après une bonne pause durant laquelle nous avons profité pleinement de ce panorama, nous décidons de redescendre pour échapper un peu aux vents extrêmement puissants. La descente fut longue et un petit peu douloureuse pour les genoux, mais heureusement nous avions une vue grandiose sur le parc, découvrant ce que nous n’avions pas pu voir pendant la montée : des énormes étendues de collines verdoyantes, avec en fond quelques montagnes aux sommets parfois enneigés et de nombreux lacs, ici et là… Magnifique ! Nous aurons mis 8h3O avec les pauses pour parcourir 30km, et nous sommes crevés ! Mais quelle joie d’avoir pu voir ça quand on sait que bon nombre de voyageurs font le même effort pour se retrouver au milieu des nuages une fois en haut, et que la vielle même il y neigeait : on se dit finalement qu’on a été chanceux !

• El Calafate et le Perito Moreno

Après ces quelques jours à Puerto Natales passés en auberge chez Katty, une femme formidable avec qui nous avons beaucoup discuté, nous arrivons après 3h de route dans une nouvelle auberge, beaucoup moins confort, à El Calafate. C’est une petite ville aux allures un peu de village de montagne français : des constructions en bois, des boutiques de vêtement de montagnes, de souvenirs, de chocolat (et de Dulce de Leche, la spécialité d’Amérique du Sud), le tout avec plein de gens qui se promènent en tenue de rando! Mais El Calafate c’est tout petit, très cher et il n’y a pas grand-chose à y faire, l’attraction du coin c’est le célèbre « Glaciar Perito Moreno ».

Pour s’y rendre on paye une navette (encore), ainsi que l’entrée du « Parque Nacional Los Glaciares » (encore) dont il fait partie. C’est le plus spectaculaire des glaciers andins, et surtout le plus facile d’accès. Il fait 14km de long, 4km de large et culmine entre 40 et 70m au-dessus du niveau du lac : un monstre ! Classé au patrimoine mondial de l’Unesco c’est l’un des glaciers les plus vivants au monde. Malgré le changement climatique, il résiste et se porte bien puis qu’il continue de se développer. Chaque jour il avance un peu, ce qui donne lieu tous les 4 ans à un effondrement massif de sa partie visible. Le dernier était en 2016… Avis aux amateur pour 2020 ?!

Il y a plusieurs façons de l’approcher : à pieds grâce à plusieurs passerelles aménagées, en bateau depuis le lac, ou en excursion pour marcher dessus avec un guide. Nous avons opté pour la première option, déjà parce-que c’était la moins chère et aussi parce-que les passerelles permettent vraiment de voir le glacier dans son ensemble. Le bateau ne peut pas s’approcher de beaucoup plus près que les passerelles à cause du risque de chute de blocs de glace, et le nombre de personnes à bord ne fait clairement pas rêver ! L’excursion avec un guide, ça nous aurait bien dit mais hors budget, peut-être pour une autre fois ailleurs ?

Et nous n’avons pas du tout été déçus ! Bien que l’endroit soit très touristique, il n’y a pas d’effet de foule comme on a pu le ressentir à Iguazú. Les passerelles sont assez étalées si vous voulez toutes les parcourir il vous faudra environ 3h. Le site est assez bien fait car en parcourant les différents circuits vous pouvez admirer le glacier sous différents angles: de plus ou moins près, de plus ou moins haut, plus du côté droit, ou encore plus à gauche… C’était vraiment bluffant, et le plus impressionnant c’étaient les bruits que font les blocs de glace quand ils se détachent et tombent dans le lac ! On pourrait un peu le comparer au bruit qu’on entend dans les montagnes la nuit quand une avalanche est provoquée (pour ceux à qui ça parle) ! Le glacier craque, gronde, des blocs se détachent, des vaguelettes se forment alors dans le lac… C’est à vivre ! Et la cerise sur le gâteau c’est que le lac est juste magnifique, avec des montagnes tout autour, du jamais vu !

 

• El Chaltén et le mont Fitz Roy

3 petites heures séparent El Calafate de El Chaltén. Avec seulement 3000 habitants, ce petit village au bout de tout, et au pied du fameux Fitz Roy (3421 m) et du Cerro Torre (3138 m) est l’endroit rêvé des amateurs de marche et d’alpinisme. Et c’est sans doute à nos yeux l’un des plus beaux coins du sud de la Patagonie. Bon, avec ce magnifique temps (le karma ne nous quitte pas), il parait que ça aide à tomber amoureux de ce petit coin de paradis au milieu d’une steppe désertique. La vie est tranquille ici (le wifi aussi), et les points de la vue depuis les hauteurs tous aussi beaux les uns que les autres. Le côté plutôt pratique est que tous les sentiers de rando partent du village (et sont tous gratuits !). Et pour les plus aguerris, il est possible de s’aventurer dans une véritable expédition d’environ 2 semaines sur les plus grands glaciers du monde. Nous décidons de rester 4 jours ici dans une petite auberge (sous les conseils de Mayke) forte agréable avec une ambiance de montagne. Le top !

Nous avons rentabilisé notre séjour ici au maximum, avec 2 grosses randonnées et 2 petites. On vous donne en quelques mots nos ressentis :

• La cascade Chorrillo del Salto. Parfaite petite balade d’environ 2h A/R pour notre 1er jour, car nous sommes arrivés avec beaucoup de fatigue cumulée dans nos sacs à dos. Très facile, avec un très beau panorama au début, et une belle cascade à la fin. Le milieu de la rando est sans grand intérêt.

• Trekking vers la laguna de los Tres (au pied du Fitz Roy). Un temps parfait le deuxième jour, nous décidons de partir observer le « patron » du coin, haut de ses 3400 mètres d’altitude. Environ 9h de marche nous attendent en empruntant un sentier aller/retour. Il est cependant possible en prenant une navette depuis El Chaltèn de faire l’aller depuis un autre sentier situé plus loin (environ 15 km) et ainsi faire une boucle pour revenir par le sentier débouchant sur le village de El Chaltèn. Bien évidemment la navette à un coût, alors nous décidons de tenter le « stop » et nous serons pris au bout de 30 mn par deux jeunes Argentins en vacances ici. PERFECTO ! L’avantage de ce sentier « aller » c’est qu’il offre la possibilité d’admirer le glacier Piedras Blancas, de beaux paysages boisés ainsi qu’une vue sur la paroi nord-est du Fitz Roy tout au long de la matinée. Les hostilités commencent après 3h de marche, avec un dernier kilomètre long de 50 minutes, pentu et caillouteux ! Mais arrivé en haut, on comprend vite pourquoi on a fait tous ces efforts… Un panorama à couper le souffle sur le mont Fitz Roy ! Comme au Torres del Paine (mais avec l’effet de surprise en moins cette fois), on ne peut qu’être subjugué par la beauté des lieux ! Un lac d’un bleu profond et scintillant est au pied du Fitz Roy baigné dans la neige. Il parait que le meilleur c’est d’y être pour le lever du soleil, mais il aurait fallu avoir une tente et dormir au refuge pour n’avoir plus que la dernière montée à faire le matin. A noter sur gauche se cache le Laguna Sucia derrière le monticule de pierre, c’est super joli aussi et ce serait dommage de le louper une fois si près du but !

• Los Condores et Las Aguilas. Le temps est bouché au petit matin du 3^ème  jour. Nous décidons donc de ne pas partir sur la journée, mais plutôt d’attendre l’après-midi en espérant l’arrivée du soleil. On avait vu juste, le soleil se lève vers 15h alors on part pour une petite randonnée au sud de El Chaltén. 2h30 A/R avec une petite montée afin d’atteindre 2 miradors. Le 1^er offre un beau panorama sur El Chaltén, on se rend compte à ce moment là que le village est vraiment petit ! Le 2^ème offre un splendide panorama sur le lac Viedma et la steppe à perte du vue (par contre, on n’aura pas vu de Condors) !

• Trekking de la laguna Torre. Nous décidons pour notre dernier jour ici de partir à la journée avec Gonzalo, un Argentin rencontré la veille au soir à l’auberge. Env. 7h A/R avec certes peu de dénivelé, mais une bonne condition physique est quand même recommandée. La aussi, un magnifique panorama sur le mont Cerro Torre, le 2^e sommet après le Fitz Roy. Cette fois le lac à ses pieds n’est pas bleu mais il est beigné de gros morceaux de glace ! Avec les nuages qui flottent entre les montagnes, l’atmosphère est envoûtante.

---

Pour finir, en bref et en humour, voici ce qu’on retiendra en quelques mots de la Patagonie du Sud (mais pas que!):

• On a tout simplement « surkiffé » cette région du globe ! On la recommande chaudement, mais peut-être avec une tente afin d’avoir plus de liberté et de pouvoir profiter des parcs nationaux sur plusieurs jours.
• Au détroit de Magellan c’est courant d’observer des superbes dauphins noirs et blancs ressemblant à des petits orques. Fiers de savoir ça à l’avance, nous nous sommes choisis une place de choix dehors sur le bateau, mais voilà… La malédiction a encore frappé et nous avons pris l’eau et le vent mais n’avons vu aucun spécimen marin !
• On s’est fait confisquer nos bananes par des policiers Chiliens ! Et on s’en est rendu compte seulement au moment de les manger…
• Il peut y avoir 5 rues du même nom dans une ville… Nous sommes donc arrivés à notre Airbnb dans la bonne « calle 1 » de Punto Arena après plus d’1h30 de marche ! Et encore, heureusement qu’après le 1^er échec (lorsqu’on s’est rendu compte de cette petite blague) un gentil monsieur est venu nous indiquer le bon chemin !
• Lorsqu’un Japonais prend un selfie trop prêt du bord et qu’il y a beaucoup (beaucoup) de vent, ça fait « plouf » le Japonais, et l’Iphone ! #maisquelfourire
• Morano /Moreno / Merino… On s’y perd ! Bref quand il fait froid on met Nadine quoi !
• Faire dire « St. Barthélémy d’Anjou » (49) à un Argentin, ça donne « St. Batélémi d’onchou » ! Et mon surnom ce n’est plus « Juju » mais « Chouchou »… fou rire assuré !
• A l’inverse on fait aussi bien rire les Argentins quand on essaye de dire « rojo », « cartón », « digestion » ou encore « diffícil »… Apparemment on a un sérieux problème avec les « R » et les accents !
• Après avoir discuté 1/2 heure avec des français devant le Périto Moréno on s’aperçoit qu’on aurait pu rebâptiser ce moment: « Les Angevins au Perito Moreno ! ». #rpz 
• On commence à attendre avec grande impatience d’avoir un moment pour faire une machine à laver (on a du mal à supporter l’odeur de certaines de nos fringues).
• Bon, c’est le point moins rigolo pour nous, mais nous avons perdu une de nos cartes micro SD avec pas mal de vidéos (non sauvegardées). Un peu dur pour notre moral, mais heureusement que ces souvenirs sont gravés dans nos petites têtes (on a quand même réussi à faire un petit montage).

Ju & Bas